Opportunités de l'Internet en Afrique et en RDC : des experts s'y penchent
La 13ᵉ édition de l'African Peering Forum s'est déroulée à Kinshasa du 20 au 22 août 2024, réunissant plus d'une centaine de délégués de quatre continents. Organisé par l'Internet Society (ISOC) et l'Association Africaine des Points d’Échanges (AFPIX), cet événement a permis d'analyser l'état des infrastructures Internet en Afrique et les perspectives de développement.
En RDC, seulement 23 % des Congolais accèdent à Internet, bien en deçà de la moyenne africaine de 39 %. Le manque de connectivité touche particulièrement le Nord et le Centre du pays, souvent qualifiés de « déserts numériques ».
Résilience et Sécurité des Réseaux en RDC
L’un des points cruciaux soulevés lors du forum concerne la faible résilience des réseaux en RDC. Cela se mesure par la capacité des réseaux à maintenir une connexion stable face à des perturbations comme les coupures de câbles sous-marins. En 2023, des incidents sur le câble atterrissant à Moanda ont provoqué plusieurs interruptions de service dans de nombreuses villes congolaises.
En parallèle, la sécurité des réseaux pose problème. Actuellement, seulement 35 % des services en RDC utilisent les normes DNSSEC, qui protègent contre les attaques de détournement de DNS. Des entreprises comme Google, Microsoft et Cloudflare encouragent fortement l'adoption de DNSSEC pour assurer la sécurité des données. L'absence de cette norme expose à des risques et certaines entreprises internationales, comme PayPal, limitent l'accès à leurs API pour les fournisseurs ne respectant pas DNSSEC. Cela handicape particulièrement les entrepreneurs numériques congolais, qui peinent à recevoir des paiements en ligne.
Intégration régionale numérique
Sur le plan de la connectivité, la RDC bénéficie de liaisons régionales variées. L'Ouest du pays est relié à l'infrastructure Internet du Nigéria via Brazzaville, tandis que l'Est se connecte principalement au réseau du Kenya, via le Rwanda et l'Ouganda. La liaison vers l'Afrique du Sud, quant à elle, transite par l'Angola, la Zambie et la Namibie.
Toutefois, ces liaisons ne suffisent pas à résoudre les disparités d'accès à Internet au sein du pays. Une intégration régionale plus fluide permettrait aux opérateurs de déployer leurs infrastructures plus aisément, garantissant ainsi une connectivité plus stable et accessible à une plus large population.
Le Rôle de l'Internet Society (ISOC)
L’Internet Society (ISOC) joue un rôle clé dans le développement des infrastructures numériques. Lors du forum, ISOC, par l'intermédiaire de sa présidente mondiale Sally Wentworth et de sa présidente en RDC Françoise Mukuku, a plaidé pour une intégration régionale renforcée et une collaboration entre les décideurs politiques et la communauté technique.
Cette collaboration vise à promouvoir des politiques favorisant le développement des infrastructures numériques, notamment dans les zones reculées, à travers des incitatifs fiscaux et des mesures facilitant l'inclusion numérique.
Bien que le développement de l'Internet en RDC présente des défis, tels que l'insuffisance des infrastructures et la faible sécurité numérique, les opportunités sont nombreuses.
En améliorant les infrastructures et en favorisant des politiques de régulation adaptées, la RDC pourrait non seulement améliorer la qualité de vie de ses citoyens, mais aussi stimuler l'innovation et le développement économique.
Le succès repose sur une approche collective qui allie des infrastructures renforcées, la sécurité numérique et la coopération régionale. La 14ᵉ édition de l'African Peering Forum se tiendra en 2025 à Lagos, au Nigéria.