Les réseaux sociaux et ses égéries sous le feu des projecteurs en RDC
Le cyberespace congolais a été marqué ces dernières semaines par des controverses impliquant des figures emblématiques des réseaux sociaux, en particulier sur la plateforme TikTok. Parmi les cas les plus médiatisés figure celui de Maria Ntumba, une influenceuse qui s’est retrouvée au cœur d’une polémique l’opposant au pasteur Kabundi Walesa. Tout est parti d’un témoignage d’une personne se présentant comme ancien féticheur et qui aurait par ses propos, mis en cause l’influenceuse. En réponse, celle-ci a critiqué publiquement le pasteur, provoquant une réaction virulente de la part de la famille de ce dernier, qui a menacé de porter plainte pour injures publiques.
La situation a pris une ampleur telle que le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSAC), l’organe public chargé de la régulation des contenus numériques en RDC, a convoqué les deux protagonistes pour un entretien, sans succès. Cette affaire a révélé les limites de l’initiative de moralisation du cyberespace lancée par le CSAC, consistant en la signature d’une charte de bonne conduite par les influenceurs numériques en juin dernier.
Face à cette situation et à la multiplication des affrontements verbaux sur les réseaux sociaux, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a instruit les procureurs de poursuivre toute personne contribuant à la dépravation des mœurs sur ces plateformes. Trois jours après la diffusion de cette directive, Maria Ntumba a été interpellée et conduite au Parquet de Grande Instance de la Gombe. Dans un contexte similaire, une autre influenceuse, Denise Dusauchoy, qui fut bannie de Facebook en 2021, a également été écrouée après la diffusion de vidéos controversées impliquant un acteur politique, Jacky Ndala. interpellée par Interpol alors qu’elle se trouvait à Brazzaville, elle a été transférée au même parquet pour audition.
En parallèle, un groupe de personnes se désignant comme la « Fédération des Tiktokeurs de la RDC » a rencontré le président du CSAC, affirmant représenter l’ensemble des influenceurs de cette plateforme en RDC. Le seul hic est que les membres de cette association sont eux-mêmes épinglés dans des affaires de mœurs en ligne. De quoi interroger sur leur crédibilité dans le contexte actuel. Une initiative similaire existe au Congo Brazzaville depuis 2021. Sauf que de l’autre côté du fleuve Congo, les Tiktokeurs ont fait de la danse, de la musique et des tendances de la technologie, leur objet social.
Avec ses quatre millions d’utilisateurs, TikTok se positionne comme le deuxième réseau le plus utilisé dans notre pays après Facebook.
Réprimer ou Modérer ?
La question de la régulation des contenus numériques soulève un dilemme crucial : faut-il réprimer ou modérer les contenus ?
L’approche actuelle, qui repose principalement sur la répression et de la simple sensibilisation, semble insuffisante. Une politique alternative misant sur la modération des contenus pourrait constituer une solution viable.
Des initiatives menées au Burundi, en RDC et au Mali par Radio Netherlands Worldwide dans le cadre du programme Citizen Voices, ont démontré par le passé, leur efficacité pour créer un espace sûr, favorisant la liberté d’expression tout en limitant les discours haineux. Actuellement, la RDC manque d’expertise technique suffisante, de logistique et d’infrastructures nécessaires pour une régulation efficace des contenus en ligne, notamment par le personnel judiciaire (Parquet) ou de celui en charge de la modération au CSAC. Ce qui nécessite une réorientation vers des stratégies plus pragmatiques.